lundi 13 mai 2013

Canadiens : On a raison d'avoir confiance



Source : Rds.ca



Marc Bergevin s'est acquitté de son bilan de fin de saison sur un ton plutôt détendu, mais nous n'avons pas appris beaucoup de choses. Nous sommes habitués à ce genre de post mortem. Dans ces moments-là, soit qu'on cherche à embellir l'avenir en dissimulant le présent sous le tapis, soit qu'on préfère se montrer discret sur les changements qu'on projette de concrétiser durant la saison morte. Bergevin, lui, favorise la discrétion.

Le jour de son embauche, il avait raconté quel genre de gestionnaire il avait l'intention de devenir. Il avait aussi pris un engagement formel, celui de rétablir le fait français dans l'équipe. Il s'y est attardé en embauchant des hommes de hockey majoritairement francophones. Il a ramené Francis Bouillon au sein d'une équipe qu'il n'aurait jamais dû quitter et il semble maintenant vouloir ouvrir la porte à des jeunes comme Charles Hudon et Gabriel Dumont, par exemple.

Quand il a accordé un contrat des ligues majeures à David Desharnais, il a effacé la désagréable impression que les Québécois étaient devenus des porteurs d'eau dans le régime de Bob Gainey et de Pierre Gauthier. Malgré tout, on s'interroge actuellement sur le bien-fondé de ce contrat parce que Desharnais n'a pas été à la hauteur dans les derniers moments de la saison et durant les séries. Le directeur général a clairement expliqué pourquoi il l'avait fait.

« David était éligible à l'arbitrage l'été prochain et on sait tous comment ce système fonctionne. Je n'ai pas de boule de cristal pour me dire comment les choses peuvent tourner, mais je savais ce que je devais faire », a-t-il expliqué.

C'est très clair. Ça veut aussi dire qu'il considère Desharnais, âgé de 26 ans, comme un membre à part entière du Canadien. Et qu'il va le rester.

Le Canadien changera légèrement de visage l'an prochain. Le personnel en place est solide. Le noyau de joueurs jouit d'une bonne chimie. Bergevin, qui est candidat au poste de directeur général de l'année, ne chambardera pas durant l'été une formation qui est passée de la 15e à la deuxième place. Néanmoins, il y aura du sang neuf, n'en doutez pas.

Comme tout bon directeur général, il tentera de greffer à l'équipe des athlètes capables de faire mieux que ceux à qui il montrera la porte: Kaberle, Ryder, Armstrong, Halpern, Blunden et possiblement Weber. Comment les remplacera-t-ils? Faites vos jeux vous-mêmes parce que ce n'est sûrement pas lui qui va nous le dire.

Le point majeur que j'ai retenu de cette rencontre, c'est que Bergevin ne dévoilera jamais dans les médias ses intentions sur quoi que ce soit.

«J'ai une bonne idée de la valeur de mon équipe et de l'endroit où on s'en va », a-t-il précisé, simplement.

La relation Price-Groulx

J'aime ça. C'est vrai qu'il n'est pas forcé de tout dire. On attendra avec un brin de confiance les gestes qu'il va poser parce que le chemin qu'il a parcouru durant sa première année dans cette chaise n'est pas parsemé d'erreurs. En fait, il en a fait si peu que les amateurs ont toutes les raisons de lui faire confiance. Depuis qu'il est là, Bergevin n'a pas lancé de paroles en l'air. Il n'a pas fait des promesses qu'il n'avait pas l'intention de tenir.

Bien sûr, il a été généreux avec l'argent de son propriétaire, mais tous les directeurs généraux le sont. On peut s'objecter au contrat de quatre ans à 1.7 millions $ par saison accordé à Travis Moen. Il répond à cela que certains vétérans ont parfois de la difficulté à se mettre en marche après un conflit de travail qui les a privés d'une demi-saison. Après en avoir discuté avec Moen, il croit qu'il redeviendra l'attaquant robuste qu'il a déjà été.

Par ailleurs, comme Carey Price n'est toujours pas devenu l'épine dorsale de l'équipe qu'on avait prévue, on se dit que le patron a été généreux quand il lui a consenti un salaire de superstar (39 millions $). Dans les circonstances, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il nous dise que la carrière du gardien, sur lequel il compte pour atteindre les plus hauts sommets, pourrait ne pas être celle qu'on lui prédisait.

« On va aller de l'avant avec lui, on va le supporter. Je ne sais pas ce que je peux faire pour l'aider. Peut-être que je peux aller faire son épicerie », a dit Bergevin en réaction à la déclaration de Price qui se plaint de ne pas avoir de vie privée, au point de ne plus sortir pour faire son marché.

Dans ce cas bien précis, on aurait aimé entendre de Bergevin qu'il va étudier de près la relation qui existe entre Price et son entraîneur personnel, Pierre Groulx. Price n'a pas la réputation de se tuer au travail. L'ex-entraîneur des gardiens du Canadien, Roland Melanson, était exigeant avec lui. Il le poussait souvent au maximum. Or, du jour au lendemain, il a été remercié. On l'a remplacé par Groulx, un personnage effacé qui ne brouille pas l'eau. On le voit mal s'engueuler avec Price sous prétexte qu'il ne travaille pas suffisamment.

Ce que le gardien un peu troublé semble avoir besoin, c'est d'un François Allaire. Un coach axé sur la technique qui a travaillé avec tous les genres de gardiens durant sa carrière. Des bons, des moins bons et des excellents. Chacun d'eux a appris des choses sous sa gouverne.

Néanmoins, du bout des lèvres, Bergevin a mentionné que Groulx sera de retour. Toutefois, il a aussi dit qu'une évaluation du travail des entraîneurs, dont il est entièrement satisfait, serait faite éventuellement.

« Je ne veux pas que les ennuis de Price deviennent un gros problème, a-t-il souligné. Il aurait pu être meilleur et il le sait. Par ailleurs, il n'a que 25 ans. Il y a des gardiens qui mettent du temps à se développer. »

J'écoutais cette remarque pas totalement dépourvue de sens et je revoyais une image vieille de 20 ans se dérouler sous mes yeux, celle d'un gardien de 20 ans, imberbe et sans un poil sur la poitrine, défiler sur Sherbrooke, en bedaine, en brandissant fièrement la coupe au bout de ses bras. Mais n'est pas Patrick Roy qui veut, semble-t-il.

Finalement, en réponse au manque de robustesse évident qui explique en bonne partie pourquoi le Canadien est déjà en vacances, Bergevin a fait remarquer que les 29 autres organisations de la ligue rêvent de posséder des joueurs forts et de gros gabarit. Il faut s'attendre à ce qu'il améliore cette facette. Il croit en une équipe équilibrée, mais pour l'instant, l'équilibre du Canadien se limite à sa rapidité et à son caractère.

Quand on analyse ce qui s'est passé durant la série contre Ottawa, on en vient à la conclusion que les Sénateurs n'étaient pas le type d'adversaires qui convenait aux attributs du Canadien. Cinq de leurs défenseurs mesuraient plus de six pieds et trois pouces. Quatre d'entre eux pesaient plus de 220 livres. Et on se demande aujourd'hui pourquoi aucun des petits attaquants des perdants n'a inscrit plus de deux buts et pourquoi neuf d'entre eux n'en ont pas marqué un seul.

Bergevin, qui a changé beaucoup de choses en l'espace d'un an à Montréal, n'a pas eu le temps de tout faire. Il va maintenant s'appliquer à compléter la phase deux de son mandat.

Depuis 20 ans, les bilans de fin de saison du Canadien ont fait déferler une pluie de critiques sur les gens en place. Grâce à l'efficacité de Bergevin, à la poigne de Michel Therrien et au travail efficace de ses adjoints, le calme est revenu. Ce qui ne veut pas dire que l'équipe aura la vie facile l'automne prochain alors qu'on se méfiera du Canadien beaucoup plus qu'on l'a fait cette saison.

De la classe

On pourra dire tout ce qu'on voudra de Tomas Kaberle, mais à défaut de pouvoir aider le Canadien, il n'a pas représenté une cause de distraction cette saison. Pour un athlète possédant un aussi long parcours, le fait d'avoir été laissé de côté dans 43 des 53 matchs de son équipe a été une humiliation qu'il a ravalée sans causer le moindre problème.

Il a certainement démontré plus de classe que Michael Ryder qui, comme il l'a fait durant toute la série contre Ottawa, a été porté manquant dans la rencontre avec les médias, samedi. Ryder, qui a marqué un but à ses 14 derniers matchs, est parti sans daigner expliquer pourquoi il s'est si peu impliqué pendant que des coéquipiers jouaient en dépit de blessures graves et que d'autres étaient incapables de sortir de la clinique.

« Si c'était à refaire, je referais cette transaction », a mentionné Bergevin. Peut-être pensait-il davantage aux neuf millions qu'il a épargnés en offrant Erik Cole comme monnaie d'échange.

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