mercredi 22 mai 2013

Canadiens : Price a autant besoin d'aide que Fleury



Source : Rds.ca



Les directeurs généraux les plus efficaces sont très souvent ceux qui voient loin devant eux. Le pionnier sur ce plan a été Sam Pollock qui effectuait des transactions capables de lui rapporter des dividendes deux ou trois ans plus tard.

Le plus bel exemple de cela est survenu en 1970 quand il a échangé Ernie Hicke et le premier choix du Canadien aux Golden Seals de la Californie en retour de leur premier choix et d'un défenseur, François Lacombe, qui n'a jamais porté le chandail montréalais.

Tout indiquait que les parents pauvres de la ligue occuperaient le dernier rang du classement à la veille du repêchage de 1971, dont les deux joueurs les plus convoités étaient Guy Lafleur et Marcel Dionne. Celui qu'on surnommait le Godfather voulait s'approprier une future grande vedette. Grâce aux Seals, il a obtenu le premier choix de la ligue et s'en est servi pour réclamer en Lafleur, l'un des plus grands Glorieux de la riche histoire du Canadien.

Au fil des ans, d'autres directeurs généraux ont posé des gestes qui ont valu leur pesant d'or. Ils l'ont fait pour assurer le présent, pour mieux planifier l'avenir ou pour améliorer leurs chances de remporter une coupe Stanley qui était à leur portée.

Ce printemps, on s'est demandé pourquoi Ray Shero, déjà à la tête d'une puissance dans la ligue, a sacrifié un choix de première ronde, deux choix de deuxième ronde, un choix de cinquième tour, deux pâles espoirs dans des collèges américains et Joe Morrow, un défenseur de 20 ans réclamé en première ronde en 2011, tout cela pour obtenir Jarome Iginla, Brenden Morrow et Douglas Murray.

La réponse est claire. Les Penguins se voient offrir la possibilité de mériter une deuxième coupe Stanley en cinq ans. Rien ne dit quand une occasion comme celle-là se représentera. Alors, Shero a jugé bon d'y mettre le prix pour éviter que la coupe lui échappe.

Grosse acquisition à petit prix

Il y a un an, Shero a posé un autre geste, quasi anodin celui-là, qui pourrait s'avérer plus profitable que l'acquisition d'Iginla, de Morrow et de Murray ensemble. Il a obtenu pour une chanson celui qui est devenu la grande vedette de son équipe dans les séries, Tomas Vokoun.

Depuis huit ans, la cage des Penguins est défendue par un jeune et brillant gardien de but, Marc-André Fleury. En principe, une organisation est en voiture pendant 12 à 15 ans avec un gardien de ce calibre. Le problème, c'est que Fleury semble éprouver autant de problème avec la pression de gagner à tout prix que Carey Price. Au cours des deux derniers printemps, Pittsburgh a été éliminé dès le premier tour, d'abord en sept matchs par Tampa, puis en six parties par Philadelphie. Total combiné de buts accordés par Fleury durant ces 13 matchs : 43.

En juin dernier, Shero a compris qu'il ne pourrait pas continuellement s'en remettre à Fleury pour aspirer aux plus grands honneurs. Il est donc allé chercher à Washington une police d'assurance qui joue actuellement les héros.

Sur le coup, on n'a pas très bien saisi ce qu'il tentait de faire. Avec un gardien qui lui coûtait déjà 5.5 millions $ par saison, comment pouvait-il demander à Vokoun, qui avait été un gardien numéro un à Nashville, en Floride et à Washington et qui avait joué en moyenne 60 matchs par saison au cours des neuf dernières années, de venir réchauffer le banc à Pittsburgh?

La réponse, on l'a obtenue durant la série précédente contre les Islanders. Les Penguins semblaient menacés de subir une autre élimination rapide en première ronde, le genre d'échec qu'on ne peut se permettre avec des Crosby, des Malkin, des Letang, des Kunitz et des Dupuis dans la formation. Surtout pas après avoir acquis trois joueurs établis pour s'assurer de gagner la coupe. Or, s'il avait fallu que cette série contre les étonnants Islanders nécessite un septième match, compte tenu de la nervosité très évidente de Fleury, on aurait peut-être assisté à la répétition du scénario des deux dernières années.

Vokoun est entré dans cette série de brillante façon. Depuis qu'il a remplacé Fleury, les Penguins ont repris le contrôle de leur destinée. En cinq matchs, il en a gagné quatre. Son pourcentage d'efficacité est le meilleur des séries, un mirobolant ,949. Il occupe aussi le premier rang pour la moyenne de buts accordés par partie (1,61). La prétendue police d'assurance de Shero a pris la forme d'une bouée de sauvetage.

Si Carey Price profitait du même soutien?

Vous voyez où je veux en venir? Carey Price vient de participer aux séries pour une cinquième fois en six ans. À sa toute première expérience, il a remporté une série contre les Bruins. Il n'a pas gagné depuis. Les signes de faiblesse qu'il démontre sont inquiétants. Il a même admis avoir de la difficulté à cohabiter avec la pression de Montréal. Est-ce la pression du milieu dans lequel il évolue qui le paralyse ou la pression tout court?

On comprend Marc Bergevin de s'être porté à sa défense dans son bilan de fin de saison. Avait-il d'autres choix? Price représente le pain et le beurre du Canadien. C'est par lui que le succès arrive ou que l'élimination survient. Dans les circonstances, ce n'était pas le moment de l'accabler davantage.

Il n'y a aucun gardien dans les réserves du Canadien capable de prendre sa place. Quant à une transaction, faut oublier cela. Il faudrait que Bergevin obtienne un autre gardien dans l'échange. Or, aucun de ses homologues ne lui refilera un gagnant potentiel du trophée Vézina. Il échangerait donc un problème pour en obtenir un autre. Pas vraiment la solution.

Les Penguins de Pittsburgh offrent à Bergevin une piste de solution en ce moment. S'il doit garder à son service un gardien appelé à flancher dans les moments cruciaux, aussi bien dénicher au plus tôt un substitut expérimenté prêt à le relever à tout moment. Peter Budaj, on vient de le voir, n'a pas le physique de l'emploi dans ce genre de situation.

Si le patron du Canadien pouvait dénicher quelque part un second gardien capable de jouer le rôle de Vokoun, il rassurerait beaucoup de monde. Le gardien tchèque, ex-choix au repêchage du Canadien en 1994, n'a coûté à Shero qu'un choix de septième ronde. Et il seconde Fleury au salaire très raisonnable de 2 millions $.

Plus chanceux que ça, tu gagnes la coupe. Ce choix de septième ronde était le prix à payer pour un gardien qu'il espérait pouvoir garder au bout du banc. Les prouesses de Vokoun risquent maintenant de le faire passer pour un génie.

Pareille aubaine ne se trouve pas au coin de la rue, je l'admets. Cependant, il faudra bien se prémunir un jour contre les hauts et les bas de ce gardien fragile sous la pression. Price est costaud, fort physiquement, jeune et durable, mais il en faut davantage pour être un sauveur. Ce n'est jamais bon signe quand un gardien a plus besoin d'un psychologue que d'un entraîneur personnel.

 



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